Dans l'école de mes enfants, comme dans toutes les écoles privées au Mexique ils adorent les conférences à teneur psychologo-éducative pour les parents. Conférences sur la sexualité, sur comment être heureux en ménage, sur les limites etc etc.
Il y a belle lurette que je n'y vais plus. Non pas que je me sente si sûre de moi en ce qui concerne l'éducation, loin de là, mais je me suis rendue compte, à l'usage, que ces conférences étaient, en ce qui me concerne, une perte de temps. Le postulat de départ est très souvent à des années-lumières de ce que je crois, pense, applique. C'est comme ça, c'est culturel. Je n'éduque pas mes enfants à la mexicaine. Sur une heure de conférence il n'y a en général pas plus de 10 minutes qui m'intéressent et pas même 5 qui peuvent m'être utiles.
Ces conférences sont la plupart du temps facultatives mais de temps en temps il y en a une qui sans être obligatoire est, disons, fortement recommandée. Comme je suis très disciplinée (pour une Française tout au moins ;-) ) j'y assiste. En sachant très bien qu'au mieux j'en ressortirai énervée et qu'au pire je bouserai une fois de plus...
Les dernières en date étaient sur la drogue et comment éviter à nos enfants de tomber dans ce piège. J'y suis allée en trainant un peu les pieds mais, foncièrement optimiste, en me disant que j'y apprendrais certainement quelque chose et que sur un tel sujet les différences culturelles ne devraient pas jouer tellement. Pour moi la drogue c'est non et mes enfants doivent apprendre eux aussi à dire non, quelles que soient les circonstances.
Et bien j'avais encore faux. Déjà on a eu droit au Petit Dictateur, une mère qui s'énervait devant l'assemblée clairsemée (à peine un tiers des parents d'élèves) et qui voulait rendre ces conférences obligatoires, avec sanction en terme de notes pour les enfants des parents absents...
Bien sûr ici aussi, comme ailleurs (plus qu'ailleurs?) la drogue c'est non. Mais pas une fois je n'ai entendu dire pendant les 5 heures de ces deux conférences qu'il fallait apprendre aux enfants à dire non. Il faut selon les psys invités leur apprendre à être matures (parfait), à se former leurs propres opinions (je n'aurais pas dit mieux). Ensuite on a eu le laius sur l'importance de la famille unie. Oui nous sommes au Mexique et "Famille, Patrie" pourrait être leur devise. Ca je l'ai compris depuis longtemps, je m'y attendais, pas de problème. Pas non plus de problème avec tout ce qui touche au dialogue et à la discussion.
Puis on nous a expliqué qu'il fallait que les parents (non pardon, les mères) soient très impliqués: ne pas laisser ses enfants aller à n'importe quelle fête sans s'assurer auparavant que des adultes y seront présents, que ça sera une fête sans tabac, alcool et drogue. Toujours vérifier auprès des autres mères, organiser les fêtes chez soi plutôt qu'on ne sait pas trop où avec on ne sait pas trop qui.
Je suis d'accord sur le principe mais à mon humble avis ça ne suffit pas. Parce que mes enfants ne seront pas toujours avec moi, parce que je suis certaine qu'il y aura une fois où malgré toutes les précautions prises circuleront quand même des substances interdites et que la meilleure protection ce sont eux qui peuvent la bâtir en sachant dire non, même si on se moque d'eux, même si d'un coup ils perdent toute cette coolitude si durement acquise, même s'ils sont mis au ban du groupe etc, etc.
Ce qui m'a achevée c'est la règle du OUI: pour que les enfants comprennent bien le NON des parents aux drogues il faut le reste du temps appliquer la règle du OUI: oui ma chérie je t'emmène à cette fête, oui tu peux rester jusqu'à minuit, oui je vais t'acheter les nouvelles chaussures en tatou stressé, les mêmes qu'Agrippine (les lecteurs du NouvelObs comprendront)...Ainsi le non ne perd pas de sa valeur, il ne sert pas à tout et n'importe quoi...
Moi je dis NON à la règle du OUI. Faut pas pousser le règne de l'enfant-roi.
Evidemment ma fille, quand je lui ai fait un résumé des conférence, a vraiment trouvé trop injuste de ne pas recevoir une éducation à la mexicaine ;-)
Mais elle a d'elle-même soulevé un problème qui n'avait pas été traité: l'importance du groupe et surtout du leader. Comme dit C.: "c'est terrible, quand la leader dit qu'il faut qu'elle aille faire pipi, elles vont toutes aux toilettes. Et si elle n'a pas envie, personne n'y va. Donc t'imagines le jour où la leader dira que c'est une bonne idée de se mettre minable..."
Lors de la deuxième conférence j'ai voulu aborder ce sujet en expliquant que de mon point de vue d'étrangère (je prends des pincettes maintenant...) le respect sacré à la hiérarchie qui est vraiment fondamental au Mexique pouvait être la source de problèmes dans un groupe. Je me suis heurtée à un mur d'incompréhension. Et quand, parce que j'y tiens, j'ai insisté sur le fait qu'il fallait apprendre aux enfants à dire NON d'eux-même je n'ai pas eu beaucoup plus de succès.
Donc, comme toujours, je suis sortie de là perturbée. Ca leur fait peur d'apprendre à dire non ou quoi? Ils (elles) y voient une remise en cause de leur autorité, de la société? Je continue de m'interroger...
Quoi qu'il en soit c'est fini je boycotte. NON aux conférences psycho-éducatives au Mexique. J'dis ça... mais bon je me connais.
Giga! ;)
RépondreSupprimerUtiliser le "NON" comme ça direct au Mexique ça ne se fait pas et tu te fait cataloguer direct comme "sangron" ou "cortante".
RépondreSupprimerVaut mieux utiliser ses dérivés : Ahorita, luego, al rato, a la vuelta, mañana, el lunes....
Ici quelqu'un qui dit un "non" franc c'est (trop) rare...Malheureusement!
Et aux Etats Unis, ça se passait comment? Je suis juste curieuse, est-ce qu'ils étaient pour l'enseignement du NON?
RépondreSupprimerPS. Ta fille a l'air sacrément intelligente :)
@ Olivier: ?
RépondreSupprimer@ adslp: je sais bien qu'au Mexique le vrai non s'utilise peu (et comme tu dis, malheureusement). Mais les parents sont censés l'utiliser, comme l'expliquait la psy dans les cas ou la vie, la santé ou la morale sont en danger.NON à la drogue. Donc pourquoi ne pas l'apprendre aussi aux enfants?
@ Dr.Caso: pour les US je ne sais pas parce que ces conférences étaient pour la secundaria et aux US C. était encore en primaire.
Je crois que ma fille est intelligente mais surtout nous essayons, avec nos enfants, de leur donner une éducation dans laquelle ils utilisent leur intelligence (ce qui ne m'empêche quand méme pas de hurler parfois ou de punir, faut pas du tout croire que je suis la perfect mum et qu'ils sont les perfect kids;-( )
Oulala.... quelle horreur! Ils sont persuadés de leurs dires en plus???
RépondreSupprimerMoi je suis tout à fait d'accord avec toi, l'essentiel étant qu'un oui est un OUI et qu'un non est un NON. Depuis quand on doit mettre en opposition une quantité de oui pour sanctionner le non????
Je tombe des nues avec ce style de conférences....
c'est drole je dis toujours a sergio tu sais pas dire NOn,jusqu'a te lire j'avais pas realisé a quel point c'etait culturel ca et lui a vecu 11 ans en France.
RépondreSupprimerc'est vrai tu as raison on dit pas telleemnt non ici c'est pour ca que ca les etonne quand je dis NOn.
et j'ai dit bcp non ces derniers temps concernant ulysses.non a l'ecole qui faisait n'importe quoi,non a sa therapie des années 50...non meme au pere noel qui me reclamait des sous apres que j'aie pris une photo de lui.
fallait voir sa tete qd j'ai dit NOn et que je suis partie :-)
ces conferences ala noix je n'y suis jamais allée.une fois je suis allée a une reunion de parents ,c'etait la 1ere année,qd j'ai vu qu'on discutait de combien donner pour le cadeau de la maitresse et du deguisement de je ne sais plus quelle fete,jamais plus j'y suis retournée en 4 ans.alors les conferences psychoeducatives :-)
j'admire ton ouverture d'esprit et ta patience.
@ beo: tu comprends pourquoi j'essaye d'éviter ce genre de conférence...
RépondreSupprimer@ anahita: toi aussi tu vas passer pour une sangrona. la sangrona du sud, moi je suis celle du nord ;-)
C'est pas bon pour la réputation des Françaises tout ça!
J'ai les mêmes conférences au Chili et les mêmes mères qui écrivent le nom de leurs enfants sur la liste de présence. La crèche est plus réac que le lycée et je suis la seule à ne pas dormir avec au moins un des enfants dans le lit parental. Un désastre...
RépondreSupprimerC'est vrai que je ne suis pas franchement impressionnée par les méthodes éducatives latino-américaines mais je crois que c'est sur ce plan là qu'il y a les plus grosses différences culturelles avec l'Europe. Et ce qui m'étonne aussi c'est que les mères raffolent de ces conférences et que très souvent on me fait remarquer que j'avais ENCORE raté une intervention du Dr Machin qui était formidable. Ca m'énerve d'avoir à trouver des excuses mais quand j'ai dit une fois que je n'y allais pas parce que ça ne m'apportait rien, j'ai bien vu que je passais pour la crâneuse de française qui se croit toujours plus forte...Et je sais très bien que me lancer dans des explications plus poussées ne servira pas à grand chose.
RépondreSupprimerEl "non" está sobreentendido. Se entiende que al reforzar los lazos de afecto los hijos evitarán decepcionar a los padres. En cierta forma es una relación de sacrificio de ambas partes: los padres sacrifican tiempo/identidad por los hijos, y éstos hacen o harán lo mismo.
RépondreSupprimerCuando tiene éxito, las "leaders" pierden importancia, pues los líderes indiscutibles terminarán por ser los padres, y sobre todo la madre. Sin embargo, no estaría de más revisar esa relación con las "leaders"... lo que sucede es que algunos padres no saben reaccionar ante el "bullying" porque se ve como un fenómeno "nuevo" o "extraño", propio de Estados Unidos, por ejemplo.
P.S. Por otra parte vive Ud. en una de las regiones donde el uso de "máscaras" es más fuerte. Lo importante es aparentar que todo está bien, aunque no sea cierto. Las máscaras sólo caen en privado, con 2 o 3 amig@s que siguen los mismos códigos, y con la familia.
De mi punto de vista un "no" sobreentendido no es tan efficaz como un "no" dicho alto y claro. Pero bueno si aqui funciona asi...
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