Ce week-end, nous sommes retournés camper dans la Sierra Fria. Cette fois, nous avons emmené J., le meilleur ami d'E'. Tout s'est bien passé, il a fait un peu frisquet pendant la nuit et au petit matin (moins de 0º C...) mais rien d'insurmontable quand on est bien équipés.
Le trajet est toujours aussi beau mais maintenant la boue a été remplacée par des ornières assez impressionnantes. Donc non seulement ça tourne mais en plus ça cahote, ça bringuebale, ça tressaute. Et ça bouge tellement que, au retour, nous n'étions pas partis depuis 10 minutes que J. s'est plaint d'avoir mal au cœur. Je me suis retournée et vue sa couleur (blanc sale tirant sur le vert pâle), me suis empressée de lui donner un des sacs à vomi que je pique aux compagnies aériennes. Déjà (et c'est là un conseil que je donne aux parents d'enfants vomissant en voiture) ça impressionne et ça intrigue. Le temps de répondre à quelques questions ou remarques genre " c'est vraiment comme dans les avions?" ou "c'est quelle compagnie?" ou encore "c'est vraiment fait pour vomir dedans?", voire pour les habitués (les miens...) "ah non passe-moi le sac Americ*anAir*line, je ne veux pas le sac AirFr*ance" vous avez gagné, s'il n'y a pas urgence, 5 bonnes minutes qui vous permettent de trouver un endroit pour stationner...Et si vraiment urgence il y a, le sac retrouve alors sa vocation première.
J. ne se décidant pas à passer à l'acte, ni dans son sac, ni lors des nombreux arrêts pour ouvrir et refermer les barrières qui jalonnent cette piste, je me suis dit que le mieux était de l'occuper pour qu'il oublie ses nausées. Et quoi de mieux pour occuper les enfants en voiture que de chanter? Seulement là, notre répertoire, par ailleurs fort limité, de chansons traditionnelles françaises ne nous était d'aucune utilité. Il fallait des chansons connues de tous. Nous en avons finalement trouvé deux, des chefs-d’œuvre de la culture enfantine d'Amérique Latine comme vous allez le voir!
Nous avons donc commencé par:
Nadie me quiere, todos me odian,
mejor me como un gusanito.
Le corto la cabeza, le saco lo de adentro,
y mmmchchch que rico gusanito...
Nadie me quiere, todos me odian,
mejor me como un gusanito.
Le corto la cabeza, le saco lo de adentro,
y mmmchchch que rico gusanito...
Dj Chombo - "El Paso Del Gusanito"
Je vous donne une traduction rapide, pour que vous saisissiez pleinement la puissance du texte:
Personne ne m'aime, tout le monde me déteste,
j'ferais mieux de manger un asticot.
Je lui coupe la tête, je sors ce qu'il y a dedans,
humm quel asticot délicieux...
Vous pouvez trouver l'intégralité des paroles ici et même écouter un court extrait de la chanson là.
Mais bon, les asticots, au bout d'un moment, les enfants en ont eu assez, surtout qu'ils ne connaissaient que le refrain et qu'en plus c'est une chanson pour danser. Et danser à trois, attachés sur la banquette arrière d'une voiture avec la chienne dans les pieds...Hem...
J'ai donc alors sorti mon jocker:
Tengo un moco,
lo saco poco a poco,
lo redondeo,
lo miro con deseo,
me lo como,
y como sabe a coco,
volvemos a empezar...
(ad nauseam et c'est le cas de le dire!)
J'ai une crotte de nez,
je la sors petit à petit,
j'en fais une boulette,
je la regarde avec envie,
je la mange,
et comme elle a un goût de noix de coco,
on recommence...
Succès garanti...Et comme mes enfants et J. ont beaucoup d'imagination, ils ont décidé d'inventer une suite. Qui rime.
Je vous donne donc en exclusivité mondiale le fruit de 10 minutes d'intense réflexion et de chamailleries:
Soy un loco,
presumo con mi moco,
Recien sacado,
y que sabe a coco...
(Je suis cinglé,
je crâne avec ma crotte de nez,
tout juste extirpée,
et qui a un goût de noix de coco...)
Cet épisode créatif nous a laissé le temps de quitter la piste et de rejoindre une route, qui si elle tournait toujours, était au moins à peu près plane ("topes" exceptés). J. avait repris couleur humaine et je nous pensais donc tirés d'affaire.
Comme quoi, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours... D'un coup on a entendu un gargouilli immonde et une odeur répugnante, qui n'avait vraiment rien à voir avec la noix de coco, a envahi l'habitacle. Heureusement il avait bien visé et vomi très proprement dans son sac. Pas même une petite projection! C'est la chienne qui a été déçue...
Nous, en revanche, nous n'avons pas été déçus par l'odeur...C'était tellement insupportable que j'ai du, sous peine de contagion "vomitoire" (ben quoi l'adjectif n'existe pas? La belle affaire ;-) ), me résoudre à balancer le sac par la fenêtre en pleine nature. Oui je sais c'est beurk, mais au moins c'était un sac en papier et ça fera peut-être le bonheur de quelques gusanitos...