On dirait presqu’une telenovela mais cette histoire (digne de Pierre Bellemare ;-) ) est vraie et se passe au Mexique au début du 21ème siècle…Je ne vais vous donner que les faits, pas mes impressions ou sentiments (contrairement à la première version que j'avais rédigée). Si ça vous intéresse, on pourra toujours en discuter dans les commentaires...
C’est l’histoire de X., mon ancienne femme de ménage. X. a environ 35 ans. Son mari est parti travailler (probablement illégalement) aux Etats-Unis. Il y ramassait des tomates l’été et travaillait dans une scierie l’hiver. Il est parti il y a maintenant plus de 7 ans. Au début il donnait de ses nouvelles fréquemment, envoyait de l’argent à sa femme chaque mois. Il est même revenu une fois après un an et demi, lui a fait un troisième enfant puis il est reparti. Au bout de quelques mois silence radio : les mandats se font de plus en plus rares et de plus en plus maigres pour cesser totalement. X. déprime, essaie de localiser son mari, remue ciel et terre et finit par le trouver…ainsi que sa nouvelle "femme"…
Crise familiale : le mari ne veut pas rentrer, le beau-père essaie d’arrondir les angles depuis son rancho du fin fond de l’Etat, le beau-frère célibataire (frère cadet du mari) qui est également parti travailler aux Etats-Unis prend la relève et commence à envoyer un peu d’argent. Le beau-père se met également à l'aider financièrement un peu.
X. ne veut plus entendre parler de son mari puis change d’avis, souhaite absolument son retour, va même jusqu'à consulter une sorcière pour le faire revenir. En même temps elle me parle de plus en plus de la gentillesse de son beau-frère, de sa générosité.
Fin du premier épisode : à ce moment là je quitte le Mexique (non sans avoir trouvé à X. un travail de remplacement...)
1 an après je reviens. J’ai, par diverses sources, des nouvelles de X. Le mari est finalement revenu fin 2005, ils se sont disputés, il est reparti aux Etats-Unis ou dans le rancho de son père, là les versions divergent, et ne donne plus signe de vie.
Septembre 2006 : j’apprends que X. a avorté (de manière clandestine vu que l’avortement est illégal au Mexique), je ne sais pas très bien quand. Le père c'est le beau-frère…celui qui était si généreux. Généreux, certes, mais pas au point de payer pour l’avortement : il a pris la fuite. X. s’est débrouillée pour "emprunter " l’argent nécessaire à l'avortement à quelques unes de ses employeuses, des expat’japonaises. Sans leur donner, bien sûr, la vraie raison de cet emprunt.
Janvier 2007 : j’apprends que X. est de nouveau enceinte (toujours du beau-frère) et que cette fois elle n'a pas pu avorter…Elle cache sa grossesse même à sa mère (avec qui elle vit, son père ayant lui aussi refait sa vie de l’autre coté du Rio Grande). Le beau-frère, lui, a prudemment mis les bouts: il paraitrait qu' il "se cache" aux Etats-Unis…
X. a la chance de travailler pour une Japonaise compatissante qui l’a emmenée chez le médecin (le bébé est en pleine forme) et qui s’est plus ou moins engagée à lui payer tous ses frais d’accouchement. Je précise toutefois que X bénéficie de la sécurité sociale locale (bien qu'elle ne cotise pas...) parce qu'elle s'est enrolée, ainsi que toute sa famille, dans un programme étatal pour familles à bas revenus qui garantit le paiement des frais de consultations, d'hospitalisations et des médicaments en échange de l'assistance une fois par mois à des réunions d'information sur des sujets relatifs à la santé (à mon avis, elle a du sécher le cours sur la contraception, mais je m'égare....) et de son engagement à faire suivre régulièrement sa famille par un médecin.
La Japonaise (qui doit retourner définitivement dans son pays en juillet) donne à X des cours de cuisine japonaise pour que celle-ci puisse ensuite trouver un emploi chez un Japonais célibataire comme employée de maison/cuisinière.
Le beau-père, le ranchero, qui de l’aveu même de X. est violent, colérique et ne l’a jamais aimée, n’est, pour l’instant, pas au courant. Le mari non plus.
X est maintenant enceinte de près de 5 mois. Elle continue de pleurer en répétant qu'elle ne veut pas de ce bébé mais n'a pris aucune décision quant à l'adoption.
La suite? Il est peu probable que ça se termine sur un "happy ending" mais je vous tiendrai au courant...